Traversée sur Tenerife avec un début sans vent et houle bien présente ; voiles qui claquent et l’impression (tant que ça reste une impression…) que tout va péter dans le gréement. Heureusement, ça s’arrange par la suite. Après avoir franchi la passe étroite de l’entrée du port de Radazul, on s’amarre au ponton d’accueil pendant qu’un marinero nous invite sympathiquement à venir repérer la place qui nous a été attribuée, puisque maintenant il faut réserver dans les ports comme dans les hôtels ou les campings. À la vue de la largeur des travées et des pendilles qui plongent à l’horizontal, le doute s’installe ainsi qu’une grande jalousie envers ces voiliers munis de propulseurs et qui tournent sur place. Rentrer dans cette cavité, peut-être. En sortir, beaucoup plus compliqué. Finalement, sous l’œil terrorisé des occupants des bateaux situés dans notre zone de manœuvre, nous réussirons un aller dans cette place improbable, et même un retour, puisque trois jours plus tard nous devrons changer d’amarrage pour un catway beaucoup plus accessible et confortable bien que très bruyant.
Curieusement, malgré une urbanisation assez laide et éloignée de tout commerce, Radazul dégage de bonnes vibrations. Le personnel du port est très serviable et l’ambiance balnéaire un peu surannée malgré la modernité des lieux est somme toute reposante. À deux pas de là, le petit village au bord de l’eau, Boca Cangrejo nous transporte dans un tout autre univers.
Avec Tenerife, nous retrouvons la verticalité ; il faut lever les yeux pour voir le sommet des montagnes dont le Teide avec ses 3700 m représente la plus haute cime espagnole.
Encore différente de ses voisines, bien que toujours volcanique, cette île nous offre des paysages moins austères avec ses forêts hélas plus trop verdoyantes depuis les incendies de cet été.
Avec des routes qui montent à plus de 2500 m nos références alpines sont un peu bousculées par ces latitude subtropicales.
Balades, petits travaux, rencontres et explorations de quelques sites d’escalade aux cotations sévères dont le rocher particulier et déroutant demande aux vieux que nous sommes de s’employer sérieusement.
Nous visitons également Santa Cruz qui nous donne l’impression d’une ville agréable à vivre. En tous cas pour les plus aisés. Son marché et son musée d’art moderne (très belle exposition d’Oscar Domínguez) sont à voir absolument. À ne pas rater également l’étonnante l’exposition de l’artiste Michaela Konrad : dénonciation ou collaboration ?
Notre plus jeune fille nous rejoindra quelques jours pendant les vacances de la Toussaint pour se remettre de ses premiers mois en tant qu’institutrice fraîchement émoulue mais SDF car nommée près de la frontière suisse là où les loyers sont exorbitants. Heureusement, l’office local des HLM semble lui proposer prochainement une solution qui n’anéantira pas son salaire.
Très belle lumière sur les collines ce soir mais les populations palestiniennes et israéliennes sont toujours sous le joug de psychopathes sanguinaires.