Journal de bord
Jeudi 27 juin
Après une semaine de préparation du bateau chez Asprakisboatyard en compagnie du Simbalu, mise à l’eau anticipée pour cause, d’après Asprakis de météo favorable aujourd’hui et pas demain. En fait il avait surement besoin de la place… Les filles (Carole et Flo) sont donc passées directement du taxi qui les amenait au pont de Cairn qui commençait à toucher l’eau de la darse maudite, calé dans ses sangles. Il était 18 heures trente et c’est contre un méchant vent d’est accompagné de son clapot que nous avons rejoint notre premier mouillage sur la côte est d’Egine à Aya marina… Très ouvert à l’est. Heureusement, comme prévu par les gribs le vent est repassé au nord-ouest dans la nuit.
Vendredi 28 juin
Mouillage à Ormos Varis à une dizaine de miles d’Egine. Arrivée d’Alain demain matin.
Samedi 29 juin
Récupération d’Alain. Après un gros thermique orienté sud le Meltem se lève en début de soirée et souffle toute la nuit. Mauvais sommeil.
Dimanche 30 juin
Arrivée du Simbalu avec Alix et Françoise en milieu de matinée. Il a un nouvel enrouleur de génois léger tout neuf. Le vent s’est un peu calmé et on en profite pour installer la nouvelle girouette/anémo. On espère que celle-ci traversera le prochain orage sans défunter… En début d’après-midi, départ pour Anavissou un peu avant le cap Sounion. Joli mouillage.
Lundi 1 juillet
20 miles jusqu’à l’île de Kéa. Vent bizarre et très changeant. Mouillage à Ormos Kavia. Assez joli et sauvage malgré quelques programmes immobiliers non achevés… Glace à la taverna locale après le repas du soir.
Mardi 2 juillet
Départ pour Kitnos et mouillage à Kolona. 3 bateaux installés, 2 tavernas, des poules et des ânes. Bonne nuit.
Mercredi 3 juillet
20 miles jusquà Sérifos. Mouillage à Kutala. Assez sauvage malgré la présence d’anciennes installations minières. Fortes rafales qui descendent de la montagne mais pas à cheval.
Jeudi 4 juillet
Départ matinal vers Livadhi au sud de Sérifos pour faire un peu d’avitaillement. Passé la pointe sud de l’île le ventilateur est sur « on » et il nous faut remonter contre le vent pour accéder à un mouillage décrit comme de mauvaise tenue. Finalement, on renonce à l’approvisionnement. Le cap est mis sur Sifnos et le joli mouillage de Vathi. Le vent monte quand même à 33 nœuds durant cette petite traversée et la mer nous gratifie de belles bosses pas très bien rangées. Il va falloir reconsidérer nos fichiers GRIB qui prévoyaient des vents de 15 nœuds aujourd’hui.
Vendredi 5, samedi 6 juillet
Vent assez fort. On reste au mouillage. Quelques courses aux mini market dont les prix sont prohibitifs. Apéros et repas avec le Simbalu.
Dimanche 7 juillet
Départ pour Ormos Dhespotico, mouillage situé entre Antiparos et l’îlot de Dhespotico. Situé à l’est de Sifnos l’histoire va nécessiter un bord de près un peu humide. 20-22 nœuds de vent : merci la trinquette. Puis, quelques milles avant d’arriver, le vent mollit jusqu’à devenir inexistant. Coup de téléphone du Simbalu qui nous suit d’assez loin et dont l’écart s’était même étrangement accentué : leur moteur qu’ils avaient remis en marche après l’extinction du vent, vient de s’arrêter. Certainement des saloperies dans les injecteurs et désamorçage de la pompe. Ils continuent à 2 nœuds avec leur génois léger et nous allons mouiller au spot prévu pour établir tranquillement une stratégie de sauvetage.
Il faut sauver le soldat Simbalu.
À 19 h nous décidons d’organiser une opération remorquage. C’est à 4-5 miles du mouillage que nous les récupérons en remorque et c’est en allant mourir sur son erre que le capricieux Simbalu jette son ancre parfois facétieuse sous les coups de 20 h 45. Bière, demain il fera jour.
Lundi 8 juillet
Journée bricolage. On savait que le réservoir principal du Simbalu était complétement hors d’usage. On sait maintenant que le réservoir tampon qu’il utilisait de façon provisoire est dans un état quasi désespéré. Une vanne indémontable car soudée par la rouille est certainement la responsable d’intrus dans le circuit GO. La boue de rouille n’est guère appréciée des injecteurs…
Le nouveau réservoir du Simbalu sera donc un jerrican en plastique de 20 litres fixé solidement dans le carré. Essai moteur. Ouf, ça démarre !
Mardi 9 juillet
Départ matinal pour Nisos Skinousa, petite île au sud de Naxos. Finalement, le vent ayant tourné au nord-est, c’est un bord de près très musclé avec trinquette et deux ris et avec des claques à plus de 25 nœuds qui nous mène au mouillage sans nom au sud de Mursini. Très bel endroit peu urbanisé et bien protégé. Le Simbalu qui s’était fait un peu oublier ces dernières 24 heures trouve le moyen de faire un vrai nœud à sa chaîne d’ancre. Bel exploit que très peu de marques d’ancres savent réaliser. Heureusement ce nœud n’est pas loin de la verge. En revanche, nous ne voyons pas pour le moment, le moyen de dénouer la situation…
Mercredi 10 juillet
En route pour Amorgos à une vingtaine de miles. Le vent monte progressivement pour dépasser les trente nœuds et dépassées les îles sous Keros Nisida la mer devient vraiment dure avec des vagues qui déferlent. Il est agréable de rentrer dans la baie protégée de Katapola. Repas sur Cairn avec Alix et Françoise dont le Simbalu ne s’est toujours pas débarrassé de son nœud à sa chaîne d’ancre.
Jeudi 11 juillet
Réveil un peu difficile après une nuit très ventée. De nombreux bateaux ont libéré des places au quai de Katapala et c’est l’occasion ou jamais de prendre un peu de repos, de faire de l’eau, de l’avitaillement et surtout de poser Alain, qui a son avion à Athènes le 13, près de navettes directes pour Rafina un port situé non loin de l’aéroport. Formalités un peu agaçantes avec des autorités qui se prennent très au sérieux et qui ont peut-être oublié que la Grèce faisait partie de l’Union européenne. Démêlage de la chaîne du Simbalu et resto le soir avec les deux équipages.
Vendredi 12 juillet
Départ très matinal pour Astipalaia. Hélas un miséreux voilier d’une quarantaine de mètres avec équipage anglophone tiré à quatre épingles, a négligemment croisé sa chaîne avec celle du Simbalu. Après quelques manœuvres audacieuses, la grosse bête finit par le libérer ainsi que certainement d’autres bateaux dont Cairn qui souhaitaient prendre le départ. Dès passés sous le vent de la côte d’Amorgos Eole s’énerve furieusement. L’anémo monte à 35 nœuds puis les dépasse. Décision est prise de rentrer la grand-voile et le génois et d’installer la trinquette qui décidément devient ces derniers temps une voile indispensable. C’est également l’occasion de laisser passer un cargo dont la route semble vouloir rencontrer la nôtre… Durant l’établissement de cette miraculeuse voile d’avant, plus ou moins travers au vent, une rafale dépassant les 40 nœuds nous couche fortement. Accélération de la manœuvre et quasi-fuite avec ce petit bout de toile à plus de 7,5 nœuds. Heureusement les conditions s’améliorent au fur et à mesure de notre progression. Mouillage très joli à Livadhia.
Samedi 13 juillet
Une dépression sur Chypre enrichit le Meltem qui se suffit déjà largement à lui-même. On ne bouge pas du mouillage ni même du bateau pour cause de brassage copieux.
Dimanche 14 juillet
Ça souffle toute la nuit assez fort. On profite d’une accalmie en début de matinée pour changer de mouillage. Direction Skhinounda à 3 miles vers l’est. L’endroit est plus riant et franchement mieux abrité. Des tavernas nous tendent le wifi et nous pouvons aller à terre prendre notre ration de GRIBS quotidienne. Les jours qui viennent ne s’annoncent guère meilleurs. Bon demain sera un autre jour…
15, 16, 17, 18 juillet
Astipalaia est une île aride qui a su sauvegarder son identité et son authenticité. Maltezana est un village de pêcheurs au charme certain ; ses habitants ne semblent pas stressés par la situation catastrophique de la Grèce et sont particulièrement accueillants sans pour autant prendre le touriste pour un portefeuille sur pattes. Bref, cet endroit est très plaisant mais nous souhaiterions néanmoins le quitter un jour. Cependant la météo se soucie peu de nos envies. Les 7 Beaufort se succèdent aux 8 Beaufort et les jours passent. La mer Égée est une petite mer très énervée.
Vendredi 19 juillet
La fenêtre est enfin ouverte. En route très tôt pour Tilos distante d’une cinquantaine de miles. Repas d’adieu avec l’équipage du Simbalu la veille au soir qui continue sa route vers Kos puis Bodrum. Traversée express avec un speedo qui ne descendra que très rarement en dessous des 8 nœuds. Mouillage magnifique mais hélas fortement rouleur à Ormos Eristos. Port du casque obligatoire.
Samedi 20 juillet
Départ matinal. On s’est fait rouler toute la nuit. Mer très mal rangée dès la sortie de la baie avec un vent faible. Ça s’arrange sous l’île en ce qui concerne la mer mais toujours pas de vent. Notre route vers Rhodes est pratiquement vent arrière et avec 12 nœuds on n’avance pas. Des bords de largue plus ou moins efficaces sont essayés jusqu’à ce qu’un sud-ouest musclé s’établisse. Arrivée à Rhodes dans les temps pour récupérer Mélissa. Mouillage devant les moulins dans un vent fort qui persistera toute la nuit.
Dimanche 21 juillet
Repos, courses, mouillage agité. Donne du rom à ton homme. Comment sont-ils arrivés là et pourquoi ?
Lundi 22 juillet
Traversée pour Symi. Mouillage à Marathouda. Superbe calanque assez étroite et dotée d’une taverna. Des pins, des chèvres et un calme tant attendu. Le premier stop sans vent depuis le départ d’Egine.
Mardi 23 juillet
Mouillage à Panormitis au sud-ouest de Symi. Joli monastère, baie bien fermée uniquement perturbée par les ferries qui déversent et reprennent leurs flots de touristes. Le son des cloches rythme la journée mais heureusement pas la nuit. Chants monastiques du soir et du matin donnent à l’endroit un caractère un peu particulier. Flo et Mélissa ont trouvé une petite plage pour jouer les reines du farniente.
Mercredi 24 juillet
Dans la catégorie mouillage exceptionnel, celui de Thessalona sur la côte est de Symi approche la perfection pour ceux aiment le mariage du minéral et de l’eau salée. Cette calanque enchâssée dans des falaises de calcaire gris et ocre, hautes de 350 m, offre une eau turquoise de carte postale. Après exploration il s’avère que
ces parois loin d’être vierges offrent des voies splendides, bien équipées sur un rocher de rêve. L’escalade doit être de toute beauté.
On aurait presque envie de revenir avec le matériel… En automne ou au printemps. Là on est un peu anéantis par la chaleur.
Jeudi 25 juillet
Tentative de mouillage à Ay marina, superbe piscine naturelle. On se fait virer. Direction Pethi. On se pose devant le débarcadère. Le lendemain on se met au quai des pécheurs. Épicerie a 50 m du bateau. L’endroit plaît aux filles malgré le bruit incessant d’une usine que l’on suppose fabriquer de l’électricité ou de l’eau ou les deux. On reste 3 jours avec une petite visite de Symi en navette (minibus au freinage douteux) qui est franchement à éviter en bateau ; autorités très pénibles d’après ceux qui y sont allé et port assez cher qui a des tendances à se prendre pour Saint-Trop´. 2,50 euros le café, quand même… Les maisons colorées avec fronton triangulaire et œil-de-bœuf rappellent un peu l’architecture des îles italiennes.
Dimanche 28 juillet
Direction la Turquie pour le mouillage de Bozuc Buku et ses fortifications. Situé en face de Rhodes, il est fort possible que nous soyons déjà venus ici avec Carole lorsque nous avions rejoint le Simbalu il y a 27 ans… Nous sommes bien sûr en toute illégalité sur le sol turc puisque nous n’avons pas fait d’entrée. Outre le fait que les formalités ne sont pas toujours très simples en fonction du port d’entrée et que nous sommes, honte à nous, totalement dépourvus de cuve à eau noire, il faut bien admettre que la Turquie à bien changée depuis notre dernière visite. La baie déserte entourée d’une nature aride et sauvage dont nous avions gardé le souvenir est maintenant équipée de trois tavernas, chacune possédant ses pontons dont il ne faut pas trop se rapprocher sous peine de se faire virer. Mais le plus pénible reste l’armada de caïques qui n’hésitent pas à s’installer sur les chaînes des voiliers à l’évitage en allant mettre leurs amarres à terre. Bref, on a venu, on a vu et on a pas aimu. Tous les mouillages sont-ils devenus ainsi en Turquie ?
Mardi 30 juillet
Deuxième mouillage turc à Serce, juste à côté du précédent. Bon, pontons de mini marinas, caïques et des gars en barque qui vous sautent dessus pour vous vendre des bidules dès la passe franchie. Dommage, l’endroit est vraiment magnifique. On casse la croûte, on se baigne, les filles vont à la plage (le cahier des charges est respecté : un stop, une plage), puis retour sur Rhodes avec un vent d’ouest/sud-ouest annoncé 10 nœuds sur les GRIB mais plutôt établi à 20. On espère trouver une place au port pour reposer Flo et Mélissa qui ont leur avion le 1er au matin et récupérer Pascale et Bernard qui arrivent le même jour. On a également besoin de faire de l’eau, du gaz, un peu d’avitaillement. En attendant, on jette l’ancre devant les moulins où la sinistre vision d’un voilier récemment échoué sur les rochers nous rappelle que la vigilance ne doit jamais être relâchée tant que l’on n’est pas solidement amarré dans un port. Et encore…
Après avoir bataillé plus d’une heure, un petit bateau de pêche réussira à le sortir des cailloux. Hélas sa coque est fortement endommagée et une voie d’eau a été colmatée à la mousse le temps de le tracter et de le sortir de l’eau.
Mercredi 31 juillet
Happy birthday Mélissa ! Il y a 22 ans la journée était aussi très chaude, mais pas pour les mêmes raisons.
Finalement on arrive à obtenir une place de port pour une nuit ce qui nous permet de réaliser tout ce que l’on avait prévu : bouffe, eau, gaz, lessive… Et de se prendre le bulbe dans une chaîne d’ancre en repartant le lendemain. Personnel du port sympathique et formalités pas trop compliquées… Le soir super resto dans la vieille ville.
Jeudi 1er août
On se remet au mouillage devant les moulins et on attend Pascale et Bernard qui arrivent vers 20 heures. Demain on essaie de faire du nord. Avant de pouvoir faire de l’ouest et de rentrer sur le golfe d’Athènes.
Vendredi 2 août
Retour sur Symi et mouillage à Marathouda. Taverna le soir.
Samedi 3 août
Départ très matinal pour Kos. Moteur. On fait les 10 derniers miles en tirant des bords. Mouillage à Kamari en face du supermarket.
Dimanche 4 août
Navigation face au Meltem pour rejoindre Leros. Mouillage à Xerokampos au sud de l’île. Beaucoup de bateaux mais l’endroit est joli et bien abrité. On reste le lendemain pour aller faire les courses à Lakki, de l’autre côté.
Mardi 6 août
28 miles et 3 bords pour atteindre Patmos. Grosses rafales sous le vent de Leros et fermeture incomplète du capot de notre cabine. Sanction immédiate : notre plumard est trempé. Faudra que je pense à me mettre des claques en arrivant. On se pose à Stavaros, baie déserte et sauvage où l’on commence par faire sécher nos matelas. Vers 16 h le vent monte et une suspicion de dérapage nous fait déguerpir dans l’urgence avec des têtes de roches menaçantes qui se rapprochent méchamment de notre jupe. Relevage de mouillage plutôt rock and roll. On va se mettre dans l’ouest de la baie dans le rouleau de la colline. On est maintenant positionnés pour traverser sur Mikonos. Il n’y a plus qu’à attendre une fenêtre météo praticable…
Mercredi 7 août
… Qui ne vient pas. Après une nuit à surveiller le mouillage, on va se poser à Kambos. Fond de sable de bonne tenue et plage touristique.
Jeudi 8 août
Relâche. Pascale et Bernard vont à la chora en taxi. Finalement on ne va pas viser Mikonos mais Dhenousa.
Vendredi 9 août
6 h du matin, on relève le mouillage… une partie, du moins, car au bout de 10 m Carole constate que l’on a un petit problème : plus de marche avant. La commande moteur est totalement bloquée. Je relâche la chaîne que je venais de remonter et on analyse la situation. Le levier marche avant/arrière de l’inverseur semble grippé. Vérification du niveau d’huile. Le bouchon/jauge me reste dans les mains… On espère qu’il reste un peu d’huile dans l’inverseur malgré les projections au fond de la gatte du moteur et qu’il n’est pas serré. Puis on commence sérieusement à envisager des solutions extérieures pour sortir de ce mouillage. À vrai dire nous ne voyons que deux possibilités : ou on arrive à trouver un mécano capable de démonter un inverseur là où on est, ou on se fait tracter jusqu’à Skala, port le plus proche à trois ou 4 miles. Je vais à terre pour questionner les locaux et évacuer ce stress matinal. Il est encore tôt, les tavernas sont fermées mais la jeune femme qui tient la cabane de location de planches à voile vient d’arriver. Je lui explique mon problème et elle se propose de téléphoner pour moi à un chantier naval répertorié dans le guide touristique de Patmos mais aussi dans notre guide nautique. Personne, l’atelier n’est pas encore ouvert. Elle me dit de revenir dans une heure. Je retourne donc au bateau. La pression est maintenant un peu retombée et j’ai l’impression de ne pas avoir envisagé toutes les causes de panne. Pour être certain que le levier de l’inverseur est totalement bloqué je décide de désolidariser le câble morse de l’embrayage. Cette opération me permet de constater deux choses : le levier fonctionne librement, en revanche le câble est sectionné dans sa gaine. Vu l’état du bouchon, cassé net dans son pas de vis, le serrage de l’embrayage semblait très probable et c’est pourquoi j’avais écarté le câble comme fautif. Jugement un peu naïf puisque l’an passé c’est celui de l’accélérateur qui a cassé. Heureusement, Julie, une des sœurs de Carole qui rejoignait le Simbalu avec le lequel nous naviguions déjà avait pu nous en amener un de rechange. Et c’est pour cette raison que dans un accès de paranoïa j’ai rejoint Cairn cette année avec dans mes bagages un autre câble de rechange. Il faudra quand même m’expliquer pourquoi des câbles qui ont à peine 5 ans se mettent à péter soudainement… Installation de l’objet salvateur. Tout marche ! Il ne reste que le problème du bouchon de l’inverseur. On commence par le vidanger pour être certain d’avoir la bonne quantité d’huile à l’intérieur. On s’aperçoit d’ailleurs que le niveau était à peu près correct. Ce qui signifie que même cassé, le bouchon ne fuit pas trop. Du coup on laisse comme ça. On ajoute simplement du chatterton pour assurer le maudit machin.
Il est 11 h et demi lorsque nous relevons enfin le mouillage pour Dhenousa et son anse sud. Bord de près musclé d’une quarantaine de miles dans une mer un peu forte. Arrivée dans des rafales de 35 nœuds et nuit très ventée. Sur la plage des jeunes refont Woodstock. Concert live sympathique avec beaucoup de morceaux de vieux…
Samedi 10 août
On enchaîne jusqu’à Serifnos. Mouillage à Vathi. Et taverna le soir.
Dimanche 11 août
On ne bouge pas.
Lundi 12 août
On se fait secouer toute la journée avec des rafales à 37 nœuds. Tôt le matin on arrive à faire du gazoil avec le camion citerne local. Ça se calme dans la soirée.
Mardi 13 août
Faux départ. Le fusible du guindeau crame. J’en ai qu’un seul de rechange. Faudrait pas que ça recommence trop vite. Dans les travaux à faire il faudra installer un disjoncteur magnéto thermique.
On passe la journée à tirer des bords dans du 20-25 nœuds. Mer cassante. Mouillage à Khytnos au sud-est à Nicolaou. Cadre austère et peu riant. Le vent tombe pendant la nuit.
Mercredi 14 août
6 h du matin. Le vent est reparti de plus belle et l’alarme de mouillage se fait pressante. Branle bas de combat. On saute du lit au pont et on dégage dans déjà 25 nœuds établis. Je prie pour que le nouveau fusible du guindeau tienne le coup. Coopératif il ne fond pas. Pourtant la journée ayant commencé sous le signe de Murfi, la drisse de grand-voile se croit obligée d’aller se coincer derrière le radôme du radar. Petite séance de montée au mât pour Carole que je propulse vivement au winch pendant que la mer grossit tranquillement. Cette manœuvre matinale terminée la traversée sur Poros sera très agréable avec une mer bien mieux rangée et des conditions de vent sympathiques (15 nœuds).
Jeudi 15 août
On va à Épidaure. Le mouillage est maintenant squatté par des bouées et difficile de mouiller par 20 mètres de fond… On fera comme si on ne les avait pas vues. D’autant que nous sommes seuls. A noter que l’on a réussi quand même à se prendre un film plastique dans l’hélice en arrivant dans la baie.
Samedi 17 août
8 miles jusqu’à Korfos. Très exposé à de fortes rafales malgré un vent général assez faible.
Dimanche 18 août
Mouillage à l’entrée du canal de Corinthe à Isthmia. On attend lundi pour passer car c’est + 30 et 25 % le dimanche et les jours fériés d’après le guide de rod Hekell.
Lundi 19 août
En fait, pas de tarif majoré le dimanche et les jours fériés. On aurait pu passer hier. Pas grave, malgré la présence de l’autoroute et des industries, Isthmia est un mouillage agréable. On se positionne sur le quai d’accueil vers 7 heures pour pouvoir traverser vers 8 h 30. Sinon, 210 euros pour 3 miles, cela nous met le canal à 70 euros le mile pour un bateau de 13 m. Pas donné. Joli raccourci de luxe très impressionant. Direction les îles Alkionidhes, pile poil au nord de Corinthe après avoir passé le cap Melangavi. 14 miles en ligne droite mais bien plus en tirant des bords… Endroit magnifique et très sauvage bien protégé du nord-est. À part quelques barques de pêcheurs nous sommes seuls mouillés devant un ancien monastère. Des fermes marines ont été installées sur l’îlot le plus au sud et celles-ci ne sont indiquées ni sur la carte ni sur le guide nautique. Et toujours du vent, du vent, encore du vent !
Mardi 20 août
Port de Kiato. Pascale et Bernard nous quittent demain. Le vent d’est monte brutalement vers 19 h levant un clapot très désagréable. On va quand même se faire une dernière taverna. Il est à noter que nous serons le seul bateau sur trois à devoir effectuer des formalités et s’acquitter d’une taxe mystérieuse de 12 euros. Si cela pouvait contribuer au redressement des caisses grecques j’en serais ravi…
Mercredi 21 août
On accompagne Pascale et Bernard jusqu’à leur taxi qui doit les amener à la gare de Corinthe. Puis navette et aéroport. Le bateau est soudainement un peu vide… Allez, à bientôt pour une petite bouffe à Grenoble. On appareille pour Kallithea. D’abord pas de vent, puis ouest-nord-ouest puis nord avant de monter vers 20 nœuds et plus au nord-est pour finir à 25 nœuds au sud-est. Le tout avec une mer vraiment mal rangée. Curieux bassin de navigation, on n’a pas tout compris. Les GRIB annonçaient du nord-est 10 nœuds toute la journée. Une sangle de poulie du premier ris pétée dans un empannage. Finalement Kallithea n’est pas du tout recommandée avec cette météo. On se rabat sur Trizonia bien mieux abrité. On mouille devant le petit port. A 19 h 30 je vois défiler par le hublot de la cuisine le môle du port. Le vent est monté à 25 nœuds. Pas de doute on dérape, malgré 30 m de chaîne dans 5 m d’eau. L’alarme de mouillage le confirme rapidement. Je lâche poêle et casserole précipitamment pendant que Carole démarre le moteur. Relevage du mouillage dans les rafales, on décide d’aller s’amarrer sur le quai extérieur pas trop exposé à la houle mais franchement au vent rabattant. La manœuvre sera délicate. Heureusement, plusieurs plaisanciers baroudeurs nous prêterons main-forte pour repousser le bateau et ménager nos pare battage dégonflés. À 21 h le vent sera totalement tombé. Les golfes de Corinthe et de Patras ont des thermiques aussi musclés qu’imprévisibles.
Jeudi 22 août
Aujourd’hui on vise Patras. Le port, précisément. 4 jours dans un environnement avenant permettront de recharger les batteries du skipper avant de repartir vers la France. Navigation rapide, vent de travers avec des pointes à plus de 10 nœuds (le courant est favorable). Le passage sous le pont suscite quelques interrogations : c’est quoi déjà le tirant d’air ? Ça passe vraiment ? On a un casque à bord ? Par précaution et crainte de courants d’air particuliers, on roule le génois et passons sous l’ouvrage propulsé uniquement par la grand-voile mais moteur allumé. Carole repart par le ferry le 24 au soir, gestion de la rentrée des classes de Flo oblige. Une rentrée sérieuse, c’est la classe de première avec une partie des épreuves du BAC. Zouz, Philippe et Jean-Claude arrivent le 25 dans l’après-midi.
Entre temps : bricolage, GO, eau, avitaillement… Et farniente.
Vendredi 23 août
Vidange à 842 heures, filtres GO et huile changés. Petit rappel : vis out au-dessus du filtre à dévisser pour purger le circuit GO et bien rouvrir la vanne du réservoir avant cette opération sous peine de désamorcer la pompe. Nettoyage du filtre à eau de mer, ajout de liquide de refroidissement dans le circuit d’eau douce et changement de l’anode moteur. Nouvelle vidange de l’inverseur avec de la bonne huile ; dans le stress des dernières péripéties de la chose (câble et bouchon/jauge sectionnés) je m’étais trompé d’huile en utilisant celle du hors bord. Quelle est d’ailleurs la différence entre de la SAE 10/30 et de la SAE 30 ? Le bon bidon était pourtant marqué « inverseur ». En espérant que cette brave mécanique n’ait pas trop souffert de ma connerie.
Le jour, le port de Patras n’est pas aussi bruyant qu’on le prétend. En revanche, la nuit, les bars situés sur le quai principal se déchaînent furieusement à coup de musique techno. Sommeil proscrit jusqu’à 2 h du matin…
Avitaillement + gaz faits, 120 litres de GO pris au camion-citerne du port. Pleins d’eau dans les réservoirs. Carole prend le ferry demain soir à minuit. A regrets.
Le retour en France
Lundi 26 août
Départ à 6 h 30 pour Ithaque. Pétole et mer lisse comme on n’en a pas vu depuis la mise à l’eau du bateau fin juin. 52 miles au moteur et arrivée vers 14 h. Mouillage à Vathy où le thermique musclé du soir ne manquera pas à sa réputation. La station-service étant en face de nous on refait 50 litres de GO au cas où. Le câble du starter du moteur de l’annexe en profite durant cette opération pour péter. Dommage, ce moteur ne démarre pas sans lui… Mais pourquoi tous les câbles sur ce bateau lâchent-ils les uns après les autres ?
Mardi 27 août
Ithaque/Céphalonie. Moteur. Mouillage à Fiskardo. Taverna le soir.
Mercredi 28 août
Vent rafaleux et changeant. L’équipage part en courses le matin. Un bateau dérape devant nous. Le skipper ne daigne même pas sortir de son bateau. Cris, hurlements, jurons, le gars met enfin le nez dehors sans comprendre de quoi il s’agit. Son bateau est maintenant passé à côté de nous et il semble supposer l’ombre d’un schisme. Il remonte vite son mouillage et va voir ailleurs si l’eau est plus bleue.
Fin d’après-midi, je vais prendre un GRIB avec Philippe à la taverna d’à côté. Soudain, un doute m’assaille, comme on dit en Afrique. Le Cairn est en train de foutre tranquillement le camp du mouillage. Branle-bas de combat, on saute dans l’annexe (sans moteur) et on se met à ramer comme des fous pour le rattraper. Heureusement, le vent est dans le dos. On finit tout de même par le rejoindre. Re-Mouillage, le vent tombe, apéro. En fait, le gars de l’après-midi nous avait décroché notre ancre en dérapant…
Jeudi 29 août
Départ à 6 h pour Messine. Moteur jusqu’à 10 h, puis vent de nord/nord-ouest 13/16 nœuds pendant 100 miles. Bonne moyenne autour de 7,5 nœuds. Puis moteur à minuit jusqu’en vue des côtes où l’on se fait cueillir sauvagement par les orages localisés sur la Sicile mais aussi la Calabre. Sons et lumières sous les averses, on progresse vers Reggio di Calabre en espérant que ce trop plein d’énergie reste là où il est. Arrivée à 18 h 30. Tout le monde est un peu entamé… On se pose sur un quai de GO désaffecté assez malcommode.
Samedi 31 août
On décolle vers 6 h du matin et le passage du détroit s’effectue sans problème. Un peu de voile, pas mal de moteur, on jette l’ancre à Vulcano dans le mouillage est à 14 h.
Dimanche 1 sept
Départ à 6 h pour Ischia. Très vite, on se fait encercler par des orages malfaisants et on essaie se zigzaguer entre les rideaux noirs qui nous entourent. Sur notre tribord avant, une trombe nait et disparait quelques minutes plus tard. Ouf ! Le vent monte un court moment à 30 nœuds et la pluie ne tarde pas à arriver. Finalement on arrive à se faufiler. 16 h : voile. On marche à 8 nœuds, 12/15 nœuds d’est. 20 h 15, le festival reprend : des orages devant, derrière on se déroute alors sur Acciaroli à 32 miles. En approche vers minuit on traverse une colonie de barques qui pèchent au lamparo. Il y en a des dizaines épaulées par deux bateaux plus gros qui relèvent les compteurs. Ambiance étrange… Prise de la pendille à 2 h. On n’est pas mécontents de pouvoir enfin se poser.
Lundi 2 sept
Farniente, courses et pizza le soir. Acciaroli est un village plein de charmes. On sent une certaine quiétude chez ces habitants.
Mardi 3 sept
En route pour Ventotene dès 6 h. Voile (on sort même le spi) puis moteur. Arrivée à 18 h. On se met à quai dans le port car vu l’absence de bateaux il n’est pas utile de prendre une pendille. Mais à peine le pied à terre, un marinero de pacotille nous fait savoir que l’on est sur son territoire et que la nuit coûte 100 euros alors qu’il ne connaît même pas la taille du bateau. On coupe court en lui disant que l’on va réfléchir et on s’enferme dans le bateau. Bras de fer d’une heure. Il commence à s’énerver sérieusement, soutenu par d’autres mafiochtones venus en renfort. Finalement on dégage et se met au mouillage devant la digue.
Mercredi 4 sept
Vers 3 h du matin le vent monte et le clapot devient inconfortable. À 4 h on décide de partir. Voile jusqu’à 10 h avec un vent de travers puis moteur et à nouveau voile avec un long bord de près qui nous mènera au-delà de Rome. Ensuite, moteur jusqu’à Santa Marinella où nous mouillons devant le port. Consultation de la météo : les orages ne sont pas loin derrière. Il ne va pas falloir traîner.
Jeudi 5 sept
Arrivée à Porto Ferraio après une navigation tout au moteur ou presque. Le poste de GO est encore ouvert et on en profite pour faire 150 litres. Repas, nuit réparatrice.
Vendredi 6 sept
Courses le matin de bonne heure. On est garés loin du supermarché et sans moteur il va falloir ramer… Heureusement, une annexe généreuse ramènera en remorque les bonhommes et les victuailles jusqu’à Cairn. Midi, on taille la route pour la France. Une zone bosselée nous fait prendre un cap sur San Remo pour l’éviter. Ce n’est pas vraiment la bonne direction pour faire de l’ouest mais on arrondira en arrivant sur les côtes du continent. Traversée entièrement au moteur. Pas mal de cargos durant la nuit.
Samedi 7 sept
Au petit jour, on commence à faire de l’ouest pour finir au joli mouillage d’Andeor où l’on fait un stop de 2 heures. Vers 14 h on repart. Au passage du cap Taillat un choc très violent retentit au niveau de l’hélice. Débrayage immédiat du moteur. Aucune perte de compression lors du choc et rien ne traîne derrière le bateau. J’ai un peu de mal à croire que l’on s’est pris un bout dans l’hélice et envisage plutôt une rupture d’engrenage sur la Max Prop. En attendant il faut aller quelque part pour trouver la cause du problème. Le vent n’est pas brillant mais à 60 degrés du nez du bateau. C’est déjà ça… C’est donc à la vitesse de 3 nœuds que nous rejoindrons le port de Cavalaire à la nuit tombée. À peine franchit le môle on affale tout et rallumons le moteur à peine au-dessus du ralenti malgré le bruit infernal que fait l’hélice afin d’avoir assez de propulsion jusqu’au quai d’accueil. Amarrage, suppositions diverses, on se dit que finalement demain il fera jour et qu’à la première heure nous pourrons plonger pour voir ce qu’il en est. J’ai quand même peur de devoir sortir le bateau de l’eau pour une intervention sur l’hélice, voire son changement. Puis, pour évacuer notre stress, décision est prise d’aller manger un morceau quelque part. 23 h, de retour au bateau on engage la discussion avec l’équipage d’un bateau de l’UCPA derrière nous au ponton. Bien qu’ils n’aient pas bu que de l’eau au repas du soir, on leur propose quelques-unes des spécialités liquides grecques et turques que nous avons en réserve. Tout en sirotant nos verres on explique nos soucis d’hélice et les différentes causes envisagées. C’est alors qu’un gars de l’assemblée, furieusement imbibé nous brandit ses diplômes de plongeur. À peine le temps de réagir qu’il est déjà à poil pour une visite des dessous de Cairn. On espère vivement que le type nage mieux qu’il ne tient debout et nous nous précipitons pour intervenir si c’était le cas contraire. Au bout d’une minute interminable, une main victorieuse refait surface avec un énorme sac-poubelle. Incroyable. Comment une chose aussi molle a pu provoquer un bruit aussi fort en s’enroulant dans l’hélice ? 1 h du matin, il est temps d’aller se coucher. Demain, départ à la première heure car les orages ne nous lâchent toujours pas.
Dimanche 8 sept
Départ de Cavalaire à 7 h. On commence par un long bord de près et au bout de 2 h l’apocalypse s’abat sur nous : pluie violente, tonnerre, éclairs, rafales à 32 nœuds et visibilité nulle. On roule le génois rapidement et prenons 2 ris avant de mettre le moteur pour tenter de rejoindre Port Man pas très loin afin d’attendre que les éléments se calment un peu. L’ancre bien crochée, le vilain grain s’évacue et nous faisons sécher nos affaires le temps de déjeuner. 13 h, nouveau départ de la journée. Deux bords de largue jusqu’à la pointe ouest de Porquerolles puis moteur jusqu’au Frioul que nous atteignons en début de soirée avant que le vent ne monte trop de l’ouest comme il est prévu.
Lundi 9 sept
Coup de vent et attente d’une accalmie prévue demain. On en profite pour commencer à ranger le bateau, PSLDR n’est plus qu’à une poignée de miles. C’est un peu rageant d’être coincées aussi près du but après tant route mais il faut admettre que nous avons eu pas mal de chance jusqu’ici. Alors nous prenons les choses avec philosophie et profitons de cet arrêt pour récupérer.
Mardi 10 sept
Le vent s’est calmé pendant la nuit. À 7 h nous décollons du Frioul avec de l’ouest autour de 10 nœuds en plein dans le nez. Pas le temps de finasser ça sera moteur et grand voile avec deux ris pour ne pas trop gîter. Arrêt du moteur au cap Couronne. Le vent forci à 16/18 nœuds et nous oblige à tirer des bords tout dehors pour finalement mollir aux alentours de Carteau. Arrivée à PSLDR à 11 h où l’on investit immédiatement la darse. Dégréage express du bateau, à 14 h Cairn est sur son ber.
Fin du voyage.